Facteurs de succès
Introduction
C’est dans une approche holistique que ce chapitre se situe. Tout comme il est nécessaire d’adapter l’organisation complète de l’équipe pour faciliter le test agile, ce chapitre montre quels sont les facteurs qui permettront une amélioration plus profonde du test au travers de l’organisation autour du projet, mais aussi de la capacité du Testeur à passer du micro au macro tout comme sa propre posture mentale.
Le Contexte organisationnel
On constate qu’une organisation pyramidale « à-la-Papa » trouve ses limites.
Effet Ringelmann C’est une tendance notée dès 1913 par Max Ringelmann : les individus d’un groupe peuvent avoir une productivité réduite lorsque la quantité de personnes impliquée augmente ; ce phénomène s’explique par une perte d’implication et de coordination [Ringelmann 1913]. |
La déliquescence de l’organisation intervient notamment à partir d’une certaine limite, le nombre de Dunbar [Dunbar 1992]. Pour prendre en compte cette limite, Jeff Sutherland, le papa de Scrum partage les différences de styles de gouvernances entre le modèle historique et les visions de l’organisation du travail au Japon par [Sutherland 2007][Takeuchi 1986] :
Ancienne organisation |
Nouvelle organisation |
Centralisée |
Distribuée |
Perspective Unifiée |
Perspective Diversifiée |
Sens Original |
Sens Emergent |
Analytique |
Créatif |
Analyser pour action |
Apprendre en faisant |
Rationnel |
Redondant |
Certitudes |
Incertitudes |
Concept de Stratégie délibérée |
Action Locale |
Autoritaire |
Participatif |
Hiérarchique |
Plat |
Avec le succès des petites équipes agiles de type Scrum, les organisations vont tenter de mettre en place différents styles autour de l’équipe agile qui est identifiée comme la brique organisationnelle qui favorise la motivation intrinsèque.
Bureaucratie
Équipes agiles dans une Bureaucratie
Réseau d’Équipes agiles
Figure 1 : Styles organisationnels
Cette section fournit quelques clés sur des styles organisationnels qui sont régulièrement évoqués et qui font encore débat sachant qu’en tant que Testeur (que vous soyez manager ou pas), il n’est certes pas de votre responsabilité que de dire ce qu’il faudra avoir dans votre entreprise. Mais suivant votre leadership, votre point de vue sera toujours une précieuse aide étant donné que l’organisation générale pourra être pour vous un facteur de succès.
1. Le Management 3.0
Dans la lignée de Jeff Sutherland [Sutherland 2007], Jurgen Appelo est venu proposer sa vision de l’organisation qu’il a nommée...
Vue globalo-locale
1. Point de vue de la régression
Une des difficultés du test est de devoir agir localement tout en étant conscient d’un impact quelque part ailleurs, voire dans la globalité.
Le meilleur exemple est le phénomène de régression fonctionnelle : il arrive qu’en ajoutant ou en corrigeant un bout de code, le Développeur dégrade une fonctionnalité exprimée potentiellement dans un autre endroit du produit.
Un facteur agissant sur cette vue globalo-locale dans les tests de régression est qu’un Testeur peut se retrouver influencé par son humeur (voir ci-dessous) ou par une discussion avec un Développeur (voir section Biais cognitifs et test). Il devra savoir aussi se détacher de son orientation mentale en allant vers les mécanismes de divisions d’attention (voir l’expérience de Simons et Chabris sur la division d’attention dans la section Identification de motifs à partir du vide de ce chapitre) ; ainsi, pour faciliter une vision globalo-locale, le Testeur aura recours à une organisation de son travail pour aller d’un bout à l’autre de l’application lui permettant de conserver sa concentration.
2. Lien entre les anomalies
CMMI propose une pratique (voir Process Area Casual Analsysis & Resolution - Analyse causale et résolution) qui consiste à relier...
Culture générale
Naturellement, nous ne parlons pas ici de connaissances sociétales telles que l’Histoire, la Géographie, la Littérature, l’Art ou des derniers faits d’actualités qui font débat, mais plutôt votre connaissance générale du contexte dans lequel vous êtes immergé ; par exemple :
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vous devriez connaître un maximum de choses sur le développement de sorte à pouvoir identifier les failles possibles de l’équipe de développement et consolider le travail des Développeurs dès que possible ;
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vous devriez connaître le métier au maximum, car vous êtes le regard du Client dans l’équipe [Crispin 2009] ;
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si vous êtes amenés à tester une application sur le Cloud, avoir une connaissance des « 12 Factors » (voir https://12factor.net/fr/) apporte une forte valeur ajoutée car ils concernent toute une catégorie de tests à effectuer à tous les niveaux.
1. Gestion de la connaissance comme enjeux du test
Un des enjeux du test est la connaissance du produit et son environnement. Elle nourrit les tests qui en retour viennent consolider cette connaissance avant que les équipes d’exploitation en prennent la charge. Ainsi, l’enjeu du test se transforme-t-il en gestion de la connaissance des fonctionnalités du produit dans ses moindres détails.
Figure 2 : Relations entre la connaissance et le Test
La difficulté de la connaissance est que :
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certaines informations sont tangibles, plus ou moins bien écrites dans des documents de formats plus ou moins adaptés au partage de l’information ;
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d’autres sont tacites, elles sont ancrées dans l’esprit des membres de l’équipe, provenant des réflexes innés ou acquis au cours de leurs collaborations, de la connaissance du milieu et des relations établies avec les autres équipes.
Connaissance de savoir-faire métier Un organisme national de santé chargé de faire des tests bout-en-bout du SI dont l’historique et la complexité couvrent des années d’exploitation sur 200 outils était face à des lacunes documentaires sur le savoir-faire des testeurs qui n’avaient... |
Ce qui fait l’âme du Testeur
1. Ceux qui testent
Parler de test sans en percevoir le versant humain c’est croire qu’un Testeur est un robot et qu’un robot peut trouver des bugs…
La remarque est identique si on considère les relations interpersonnelles et entre les groupes et leurs rôles dans le projet, notamment lors de la mise en place d’une pratique : le succès de cette action dépendra d’une grande quantité de facteurs humains. Ce chapitre traite des atouts et failles des personnes impliquées dans les activités de test pour que l’on puisse en tirer le meilleur parti.
Cette section propose quelques approches qu’un Testeur (ou toute une équipe) peut adopter au grès des versions, ou des humeurs…
Julien Behr propose quatre stéréotypes :
Figure 17 : Stéréotypes de Testeurs [Behr 2009]
Multiplier les angles de vues En tant que lecteur avisé, vous aurez remarqué que les différentes approches présentées ici sont couramment combinées. L’apport de cette dichotomie permet d’améliorer la prise de décision et l’efficacité des tests qui en découlent et n’hésitez pas à ajouter des traits adaptés à votre projet afin d’adapter et combiner les stéréotypes nécessaires au contexte du test. |
“Faire de son mieux ne suffit pas ; vous devez savoir ce qu’il faut faire, ensuite vous pouvez faire de votre mieux.” - W. Edwards Deming
a. Le Pragmatique
Cette approche est décrite dans [ISTQBM] sous le terme d’Approche consultative. C’est l’approche la plus évidente, car elle consiste à user de ses bonnes relations pour en savoir plus sur les éléments à tester. Dans ce contexte, le Testeur va se renseigner pour savoir où se situent les faiblesses, par exemple :
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