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Une démarche numérique responsable

Cadre réglementaire et enjeux

En 2020, le numérique représentait 2,5 % de l’empreinte carbone annuelle de la France et 10 % de sa consommation électrique. Tel est le constat fait par le ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires et celui de la Transition énergétique (https://www.ecologie.gouv.fr/numerique-responsable).

En termes de prospective, une étude conduite par l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) et l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse), révèle que, d’ici 2030, sans mesure particulière et en tenant compte de la progression des usages actuels, le trafic des données serait multiplié par six tandis que le nombre d’équipements augmenterait de 65 % (par rapport à 2020), les objets connectés étant la cause principale de cet accroissement (https://presse.Ademe.fr/2023/03/impact-environnemental-du-numerique-en-2030-et-2050-lAdeme-et-larcep-publient-une-evaluation-prospective.html). Dans cette même étude, on apprend que, sur la même période, la consommation des métaux et minéraux nécessaires à la fabrication des matériels numériques serait en hausse de 14 %, tandis que la consommation finale électrique en phase d’usage s’élèverait de 5 %. Sans modification des usages, l’empreinte carbone du numérique pourrait tripler entre 2020 et 2050.

Aussi, avec une telle augmentation et bien que le numérique contribue à réduire l’impact environnemental d’autres secteurs, tel celui de la mobilité, il n’est pas certain que l’on puisse satisfaire le besoin en électricité et en autres ressources nécessaires.

Par ailleurs, le numérique doit contribuer à l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050, objectif retenu par la France en application de l’accord de Paris conclu en 2015 (https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/edition-numerique/chiffres-cles-du-climat/22-politiques-de-lutte-contre-le). Or, la neutralité carbone implique un équilibre entre les émissions...

L’impact environnemental du SI

L’évaluation de l’impact environnemental d’un SI, comme le prévoient les principes d’établissement d’un Beges, ne se limite donc pas à mesurer l’impact de son usage. Il s’agit donc de prendre en compte l’ensemble des impacts environnementaux, en partant de la fabrication de tous les équipements concernés jusqu’à leur traitement quand ils deviennent des déchets, en passant par leur transport et leur exploitation, ainsi que leurs implications dans les réseaux et les datacenters.

L’étude conduite par l’Ademe et l’Arcep en 2022 (https://www.arcep.fr/la-regulation/grands-dossiers-thematiques-transverses/lempreinte-environnementale-du-numerique/etude-ademe-arcep-empreinte-environnemental-numerique-2020-2030-2050.html) révèle deux résultats particulièrement significatifs dans cette approche multicritères pour appréhender l’impact environnemental réel du numérique, dans sa globalité avec ses équipements, ses infrastructures et ses usages. Le premier s’appuie sur une analyse par type d’équipement : les terminaux, les datacenters et les réseaux. Cette analyse montre que ce sont les terminaux « utilisateurs » qui sont responsables de la majorité des impacts (entre 63,6 % et 92 % des impacts) largement devant les datacenters (entre 4 % et 22,3 %) et les réseaux (entre 2 % et 14 %). Le deuxième est issu de l’analyse du cycle de vie qui va de la fabrication à la fin de vie, en passant par la distribution et l’utilisation. Celle-ci démontre que c’est la phase de fabrication, tous équipements confondus (terminaux, datacenters et réseaux), qui a le plus fort impact pour environ 78 %, loin devant la phase d’utilisation pour 21 % environ, et très loin devant la distribution qui pèse pour 1 %.

L’importance de l’impact de la fabrication est somme toute logique, avec en premier lieu une consommation très élevée d’énergie pour la fabrication dans des pays avec un mix énergétique fortement carboné. Cet impact est également lié à une consommation très...

Un SI sobre

Pour atteindre la sobriété, il faut évidemment bien connaître les impacts de chaque poste d’émissions et être en mesure d’évaluer la capacité de l’organisation à en réduire les activités. Sans aucun doute un bilan GES bien établi et suffisamment précis va permettre d’y parvenir. Toutefois, selon le poste d’émissions concerné, l’impact d’une réduction d’activité n’aura pas la même efficacité. En effet, avant même d’être utilisé, le moindre équipement IT pèse déjà près de 80 % de l’impact environnemental qu’il génère depuis sa fabrication jusqu’au terme de sa vie. Ainsi, un levier majeur de la sobriété passe par le prolongement de la durée d’usage des équipements, leur réemploi, leur reconditionnement - si leur usage en l’état n’est plus possible -, leur réparation en cas de panne. Un autre levier de la sobriété porte sur une économie de la fonctionnalité visant à limiter l’acquisition d’équipements. Cela est d’autant plus vrai pour les terminaux qui, seuls, pèsent pour près de 80 % de l’impact carbone d’un SI.

Ainsi, sans même disposer d’un Beges, il est certain que la première mesure, la plus efficace pour un SI plus sobre, va porter sur l’augmentation de la durée d’utilisation des équipements et plus particulièrement des terminaux. De même, la réparation systématique en cas de panne, tout comme la recherche de solutions de réemploi, aura un impact significatif sur une meilleure sobriété. Ce sera également le cas d’un arbitrage de la mise en œuvre...

Du Green for IT à l’IT for Green

Le Green for IT vise à rendre supportable l’empreinte carbone de l’IT, mais l’IT a aussi des vertus en ce qu’elle peut améliorer l’impact environnemental de l’ensemble des activités de l’entreprise. La DSI doit se saisir de ce potentiel pour proposer des solutions qui améliorent l’empreinte carbone de l’organisation tout entière, il s’agit d’engager la DSI dans une stratégie IT for Green.

De façon très intuitive, il semble évident que le développement du numérique au service de certaines activités peut faire diminuer l’empreinte carbone de l’organisation. Engager la dématérialisation des process administratifs va sans aucun doute diminuer le nombre d’impressions, et donc le besoin d’imprimantes. Le développement du télétravail a un impact direct sur les déplacements du domicile au lieu de travail, et donc diminue l’émission des GES liée à ces déplacements. Le télétravail a aussi un impact sur l’utilisation des locaux professionnels (diminution des espaces de bureau ou de réunions, baisse des consommations énergétiques…). L’utilisation de la visioconférence pour les réunions avec des fournisseurs, des clients, des succursales...