Éthique du logiciel libre

Qu’est-ce que Matomo ?

Une définition simple serait : un logiciel libre en analyse d’audience principalement quantitative. Le problème est, qu’en disant cela, un grand nombre de personnes va comprendre qu’il s’agit d’un logiciel open source en web analytics qui est gratuit, et c’est bien car c’est gratuit et… open source… mais sans réellement savoir ce que cela signifie et quels en sont les bénéfices.

Pour éviter toutes ces confusions, nous allons prendre le temps, beaucoup de temps, pour revenir sur cette définition et nous allons pour cela faire des comparaisons avec d’autres technologies.

Au début des années 2000, les gestionnaires de sites internet créaient des sites en partant de zéro, en utilisant des éditeurs de texte pour rédiger du code et créer leur site de toutes pièces.

Comme c’était fastidieux, des petits malins ont créé des CMS (Content Management System), comprenez par là des logiciels de gestion de contenus. Naturellement, une entreprise qui arrivait à éditer un tel logiciel permettait de résoudre l’un des plus gros problèmes des entreprises, celui de la publication facile de contenus.

L’éditeur du logiciel avait alors un véritable pouvoir sur ses clients qui faisait que si ces derniers voulaient récupérer leur site web, ils ne le pouvaient tout simplement pas car ils étaient pieds et poings liés avec l’éditeur. Cela s’appelle la non-interopérabilité, le fait qu’une technologie ne communique pas avec une autre.

Par chance, d’autres logiciels ont vu le jour, créés par des communautés, des logiciels libres ont commencé à devenir populaires : Joomla, Drupal, WordPress…...

L’histoire de Matomo

Comme nous l’a indiqué son créateur, Matthieu Aubry, il n’existe pas une, mais plusieurs histoires de Matomo, tout dépend de si l’on souhaite une version courte ou une version longue. Initialement, Matthieu Aubry est français (il est désormais franco-néo-zélandais). Il est né dans le Poitou-Charentes et a intégré à la fin des années 1990 un lycée du côté de Poitiers (la ville du Futuroscope), une classe de seconde dans laquelle la programmation informatique faisait partie des cours (c’était assez révolutionnaire pour l’époque).

Dans ce lycée, le langage de programmation Pascal est enseigné. À la fin des années 1990, les premiers sites web voient le jour auprès du grand public et sont avant tout des œuvres d’art. Matthieu cherche à faire ce que l’on appelle des sites au pixel parfait. À l’époque, il existe assez peu d’acteurs en web analytics, Google Analytics n’existe d’ailleurs pas. On intègre alors une solution française du nom de Xiti. L’inconvénient de cette solution, qui est gratuite par ailleurs, c’est qu’il faut afficher son logo qui, pour Matthieu, va un peu à l’encontre d’un site web esthétique.

Du coup, il se lance dans la création d’un projet ayant pour but de comptabiliser les visites de son site, tout en gardant un aspect visuel plaisant, c’est la création de son premier projet en web analytics : phpMyVisites.

Notons qu’à cette époque, Matthieu va commencer à être sensibilisé à la notion de logiciel libre.

Quelques années plus tard, Matthieu intègre l’école d’ingénieur...

Pourquoi utiliser un logiciel libre ?

Il faut l’admettre, au premier abord, Matomo n’est pas le logiciel en analyse d’audience le plus attractif qui soit : interface graphique moins moderne que ces concurrents propriétaires, problème de temps de chargement des rapports en mode autohébergé avec une configuration par défaut, présence de plug-ins payants là où d’autres proposent les fonctionnalités gratuitement.

Et pourtant, par définition, de par le fait qu’il s’agisse d’un logiciel libre, il offre bien plus d’avantages que les solutions propriétaires. En voici quelques-uns :

Les concurrents de Matomo en logiciel libre

Dans le premier chapitre, nous avons déjà abordé les concurrents de Matomo sur le marché global. Dans cette partie, nous allons nous intéresser spécifiquement à ses concurrents dans l’univers du logiciel libre.

Voici une liste non exhaustive de concurrents :

Matomo et la vie privée

Par définition, l’analyse d’audience, de par son nom, pose déjà des questions en termes de vie privée. Après tout, surveillance et analyse d’audience sont un peu synonymes.

La grande question est donc au final une histoire de transparence : quelles sont les données collectées, quelle utilisation en est faite ?

Matomo, nous l’avons vu, est un logiciel libre, nous savons donc comment il est conçu. Ce point est crucial car il permet aux commissions de protection de la vie privée telles que la CNIL de partir avec une base existante. Ce n’est pas le cas pour toutes les solutions propriétaires du marché, pour lesquelles il est, par définition, impossible de savoir ce que la solution collecte réellement.

Par ailleurs, si Matomo avait un problème, étant donné qu’il s’agit d’un logiciel libre, il serait possible de le modifier pour le mettre en conformité.

Attention cependant, ce n’est pas parce que le logiciel est libre que son utilisation respecte nécessairement la vie privée des utilisateurs. Matomo est un logiciel libre, cela signifie que son utilisateur est libre de configurer Matomo comme il l’entend. Il peut très bien décider de configurer la solution de manière à collecter des données sensibles là ou des solutions propriétaires vont en fait mettre des garde-fous dans les conditions générales d’utilisation.

Par exemple :

« Vous ne transmettrez pas, et n’autoriserez ni n’aiderez toute tierce partie, à transmettre des informations à Google que Google pourrait utiliser ou considérer comme des Informations personnelles susceptibles d’identifier des personnes. Vous devez disposer de Règles de confidentialité...

Les modèles d’affaires sur Matomo

Matomo étant un logiciel libre, vous pouvez proposer toute une palette de services sur ce dernier, parmi lesquels :

Contribuer au développement de Matomo

Matomo ne peut et ne sera pas le meilleur logiciel en analyse d’audience sans votre contribution.

Comme nous l’avons vu précédemment, il s’agit d’un bien commun, c’est donc à nous tous de le développer/améliorer.

Dans cette partie, nous présentons les différents modes de contribution pour le développement et l’amélioration du logiciel.

Voyons les différentes méthodes :

Comment se former à Matomo ?

Se former à un logiciel libre peut relever, parfois, du parcours du combattant. En effet, même s’il paraît logique que cela fasse partie du parcours d’un étudiant en marketing, les écoles et universités en France forment majoritairement sur des technologies propriétaires en mode Saas.

Contrairement aux logiciels propriétaires, l’éditeur d’un logiciel libre aura plutôt tendance à faire de la formation son fonds de commerce ; ce n’est en revanche pas l’ambition de l’équipe de Matomo pour le moment, car le ratio entre le nombre de ressources disponibles et le nombre d’utilisateurs de la solution ne correspond pas (trente personnes pour plusieurs millions d’utilisateurs).

La stratégie de Matomo est plutôt d’investir dans une documentation claire et exhaustive représentée par son site web https://matomo.org.

Le site se compose de deux ressources principales :

Si votre besoin est relatif à un plug-in, vous trouverez les informations dont vous avez besion sur la fiche descriptive du plug-in :

Si votre question est relative aux fonctionnalités contenues dans une version spécifique du logiciel, vous trouverez cette information dans le changelog : https://matomo.org/changelog/.

Il existe également des ressources en ligne francophones rédigées par des tierces parties, pour n’en citer que quelques-unes :