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Histoire et nouvel essor des IA : d’où vient l’IA ?

L’histoire de Soraya et de l’IA

La nuit avait à peine démarré pour Soraya qu’elle se réveilla en sursaut : Nico. Elle attrapa son téléphone et relut le mot envoyé par son ami : « Alors, t’as testé mon générateur d’histoires ? »

Nico la harcelait depuis des jours avec l’application que son entreprise avait récemment développée. Il lui avait assuré : « En tant que bibliothécaire, ton avis est l’un des plus pertinents que nous puissions avoir ».

Qu’à cela ne tienne, Soraya repoussa la lourde couette qui l’enveloppait et alluma son ordinateur. Après un soupir, elle se rendit sur le lien envoyé par Nico et se retrouva face à une interface épurée qui indiquait : « S’inscrire pour une expérience personnalisée ».

Soraya déploya ses doigts encore endormis sur le clavier et s’enregistra.

Le logiciel déroula une introduction d’une fine écriture dentelée : « Bonjour, je suis Smooky. Qu’est-ce que vous voulez lire aujourd’hui  ? »

Soraya creusa ses méninges. À sa connaissance, l’application de Nico contenait une forme d’intelligence artificielle. Plus précisément...

Brève histoire de l’IA

Différentes histoires

Dans l’extrait, Soraya confronte deux IA. Il y a d’abord l’application de son ami Nico basée sur ce concept dont elle ignore les tenants et aboutissants. L’IA est un générateur de textes qui ressemble à ChatGPT avec la particularité en sus de dérouler des intrigues personnalisées. Soraya qui ne connaît rien aux IA demande alors une narration sur ce thème. Sa surprise est entière quand elle découvre le récit d’une machine qui prend une apparence féminine et pourrait même devenir une de ses collègues. C’est la deuxième IA que Soraya rencontre. Le genre d’énoncé qu’elle lit court depuis des siècles dans la bouche de scientifiques parfois trop enthousiastes comme de poètes. C’est pourquoi nous plonger dans un peu d’histoire à la fois scientifique et littéraire nous donnera un meilleur éclairage sur les applications que nous croisons dans notre quotidien.

À première vue, on pourrait arguer que la réalité n’a rien à voir avec ce qui se trame dans les œuvres créatives. Cependant, ce serait par exemple oublier que le vocable « robot » provient de l’écrivain Karel Čapek. La première occurrence sort de sa pièce R.U.R jouée en 1920. Karel Čapek explique plus précisément que c’est son frère Josef Čapek qui a inventé le mot. Karel Čapek s’est contenté de l’introduire en littérature. À ce moment-là, « robot » renvoyait à des machines à l’apparence humaine qui se révoltent et prennent le pouvoir.

De plus, dans le domaine de l’intelligence artificielle, il y a au moins deux chronologies à faire défiler : celle depuis que l’expression existe officiellement et celle qui part de la naissance du concept.

Chronologie

Au-delà des termes « intelligence artificielle », nous allons nous concentrer sur le concept et revenir chronologiquement sur les faits marquants qui gravitent autour. Peu à peu, nous arriverons au moment où l’expression « intelligence artificielle »...

Les IA génératives et le nouvel essor de l’IA en général

Le nouvel essor des IA

Nous voilà donc en plein boom de l’IA, difficile de ne pas le remarquer. Le mot court dans de nombreuses bouches et occupe une place importante dans l’espace médiatique. Les financements pleuvent. Au niveau planétaire, en 2023, les investissements ont augmenté de 27 % en un an. Si nous prenons le cas de la France, depuis 2017, l’État a élaboré ce qu’il nomme « une stratégie pour l’intelligence artificielle ». Celle-ci comprend deux grands axes : renforcer les capacités de recherche et former des talents. Le 19 septembre 2023, se fonde en sus le Comité de l’intelligence générative. Ainsi, il est prévu d’injecter 2,22 milliards d’euros dans le domaine de l’IA sur cinq ans. Emmanuel Macron a lui-même annoncé « un effort sans précédent de la France en intelligence artificielle ». Malgré les régulations, les gouvernements croient en l’IA et de fait celle-ci se porte bien. Il est à noter qu’a contrario, d’autres sphères ont vu leurs investissements baissés. Dans l’année 2023, les start-ups d’une manière générale ont expérimenté une chute de 57 % de levées de fonds.

Les forces de l’IA générative

L’engouement s’est accéléré avec les IA génératives. Il s’agit là d’un type d’intelligence artificielle. Parmi elles, on peut citer Dall-E ou ChatGPT. Ces programmes produisent du contenu, et ce de toute sorte. Faisons un tour de celles existantes.

Pour engendrer du texte, nous avons les moteurs GPT présents dans les différentes versions de ChatGPT, mais aussi des applications comme Gemini développée par Google, Microsoft Copilot ou encore Chatsonic. Ceux-ci proposent des énoncés a priori convaincants ou qui en tout cas pourraient donner l’air d’avoir été conçus par des humains. C’est avec ce genre de logiciel qu’on peut écrire un discours pour un mariage ou rédiger une dissertation de philosophie....

Focus sur ChatGPT, une IA qui marque un tournant

ChatGPT, un nouveau géant

Les progrès de l’intelligence artificielle vont-ils rendre le travail obsolète ? titrait France Culture le 18 janvier 2023. Qu’est-ce que le phénomène de ChatGPT et pourrait-il remplacer les humains ? demandait le journal The Guardian le 5 décembre 2022. Le moins qu’on puisse dire c’est que l’outil sorti en novembre 2022 a défrayé la chronique. Un an après, le site enregistrait déjà 100 millions de comptes. Alors que renferme cette technologie et quelles sont ses facultés ?

D’abord, elle nous vient de l’entreprise OpenAI. Fondée au départ en 2015 comme association à but non lucratif par Elon Musk, entrepreneur milliardaire à la tête de Tesla et X pour n’en citer que deux, et Sam Altman. Depuis, la société a évolué puisque Elon Musk quitte le navire en 2018 et qu’elle se transforme en entreprise à but lucratif plafonné dans le but d’attirer des investisseurs.

Parlons maintenant de l’un des outils phares d’OpenAI : ChatGPT. ChatGPT est la contraction des termes « chat » et « GPT ». Le premier indique que ChatGPT est un chatbot, c’est-à-dire un logiciel conversationnel. L’idée est de donner l’illusion de questionner un individu. De nombreuses entreprises s’y sont essayées, mais aucune avec autant de succès qu’OpenAI. On peut par exemple citer l’ancien bot de Google appelé Meena. La presse en avait d’abord rendu compte comme d’un outil presque humain. Pourtant, dès qu’on le poussait dans ses retranchements, on récoltait des résultats étranges. Pour l’exemple, retranscrivons une conversation qu’il était possible d’obtenir :

Meena : Pourquoi n’as-tu pas de plats de fruits de mer préférés ?

Humain : J’en ai

Meena : Alors pourquoi tu n’en manges pas ?

Humain : Je n’ai jamais dit que je n’en mangeais pas

Meena : Pourquoi tu n’en manges pas plus ?

Humain : Hum, je dois y aller

Meena : Pourquoi est-ce que tu ne reviens pas ?

Humain : Pourquoi...

En résumé

L’histoire de l’intelligence artificielle est longue. Si le mot n’apparaît qu’en 1956, le concept existe depuis au moins le premier roman que nous connaissons. C’est un vieux concept qui se base d’ailleurs sur de vieilles notions comme les statistiques ou la possibilité de créer des œuvres d’art avec une machine. À cette chronologie de l’intelligence artificielle en tant que discipline scientifique, se mêle celle de l’intelligence artificielle en tant que personnage.

Après plusieurs hivers et printemps, voilà de nouveau le domaine de l’IA en plein boom. Nous devons ce phénomène principalement aux IA génératives, ces IA capables de produire du texte, des images, des histoires ou encore des vidéos. Derrière ces applications, rien de magique, mais des concepts très documentés comme celui du générateur et du discriminateur.

ChatGPT a suscité diverses passions auprès du grand public, que ce soit positif ou négatif. Il marque peut-être un tournant dans le domaine. Pour autant, c’est un programme informatique qui repose sur du code et des données. Il vient de plus avec son lot de faiblesses. C’est sans doute notre regard sur cet outil qu’il faut changer pour apprécier au mieux ses capacités.

L’IA fait un boom...